Aït Ben hadou

Trois jours de repos c'est pas de trop. Après un mois de boulot nous sommes partis en balade du côté de Ouarzazate à la découverte de "l'authentique Maroc". Il nous fallait donc intégrer une famille Berbère. Après une nuit dans une chambre pourrie dans une pseudo maison d'hôtes, ce fut chose faite. Nous avons rencontré au détour des ruelles de la medina d'Aït Ben Hadou, Mimoune (Alain de son prénom), l' ainé d' une famille de 4 enfants. Comme il se doit, nous entrons dans leur "dar", maison en arabe, pour un boire un petit "whisky berbère", un thé à la menthe! On discute, on discute, Hélène se fait repeindre les mains et les jambes au hénné par toutes les femmes de la maison, pendant que moi, pépere, je sirote...

Mimoune nous parle de sa famille, très nombreuse, logique, qui vit un peu partout dans les alentours. Il ne s' attendait pas à ce qu' on lui propose ça: on peut aller dans ta famille? On a une voiture et des couettes...

Petite reflexion, puis sage décision: nous partons direct pour Souk el Khemis, dans les gorges de la vallée du Dadès.

En voiture tout l' monde.

Après 3h de bagnole, nous débarquons de nuit dans un petit village tout perdu, ou t' immagines même pas que quelqu' un puisse y habiter, mais si, on est arrivé dans la famille!

Petite maison, mais comme d' habitude, beaucoup d' monde! On nous fait asseoir dans le salon, grande pièce rectangulaire, jonchée de magnifiques tapis, avec comme seule déco, une télé, bien en évidence de manière à ce que personne n' en perde une miette!

Un p'tit thé? Ca s' refuse jamais!

Les femmes s' activent à la cuisine. Ou plutôt: une femme s' active, les autres la r'gardent

Pendant ce temps-là, les hommes qui ont fini de bosser, se la coule douce dans le salon.

"ZIT ZIT", le repas est servi! Coucous pour tout le monde. Une femme passe avec un seau d' eau chaude pour nous permettre de nous laver les mains, et c' est parti...

Chacun prend un morceau de pain et pioche dans le plat posé au milieu de la table. Il est émouvant de manger dans la même assiette que son voisin. La viande se partage. Les plus vieux réequilibre le plat en nous rapprochant encore un peu de légumes...

Mais la durée du  repas marocain n'a rien à voir avec la nôtre ! 5mn ca va, 10mn c 'est trop! "Koul Koul!", on nous répète, alors on koul jusqu' à n' en plus pouvoir...

Heureusement, la digestion est facilitée par un p'tit wisky berbère, très bon mais ultra sucré comme tout ses congénères!

Sur ce, plus qu' une chose à faire : rejoindre nos quartiers qui ont été préparés avec soin. Un matelas de tapis nous attend dans notre propre chambre.

Je dis propre, car c' est la seule. Les hommes dorment entre eux, tout comme les femmes et les enfants. Pas de mixitév! Seules deux pièces sont occupées lors du retour des maris des femmes de la maison.

Bien dormi ? "Maken mouchkil", pas d' problèmes. La moquette, c' est bon pour les abdos. Hèléne n' en peut plus, mais moi tout y va bien.

Dès le réveil, Hélène s'atèle à la traite de la vache et les femmes préparent le pain. Puis elle enchaine sur le tissage d' un tapis, méthode différente à celle vue en Amérique latine même si la machine ressemble un peu.

Ballade toute la journée dans les gorges de la vallée du Dadès. Paysage impressionant, style grand canyon américain, route de la mort (rien à voir avec la Bolivie) pour accèder au col... mais le temps n' est pas avec nous et redscendons assez vite. Sur le retour, nous apercevons les coopératives de petits produceurs d' eau de rose, d' huile d' argan, de poterie, de safran dans la région de Talouine...

On rentre pile poil pour l' heure du tajine de légumes. On s' enfile quelques verres de thé à la menthe, toujours aussi sucrés, on se promène dans les jardins où sont cultivés principalement le blé et autres légumes. Il est l' heure de se remettre en route pour la dernière nuit à Aït Ben Hadou qui ne sera pas non plus de tout repos!

Des pigeons enfermés dans des boîtes se tapent la tête contre les parois, les souris entament un match de foot inarétable dans le grenier fait de plastique, les chats qui essaient d' être de la partie d' foot, l' odeur des moutons qui pioncent dans la pièce voisine...

Pas facile d' être des berbères ! Nuit blanche !

Le lendemain, exténuée, Hélène sort au petit matin de la maison: elle tombe nez à nez avec un couple de japonais qui la prenne en photos et lui donne 2 dollards! "Konichiwa", "zouina, zouina" lui baragouinent-ils. En une nuit, elle était devenue une vraie berbère... et les japonais n' avaient rien compris à la vie!

Enfin... petite question qui risque de vous hérisser le poil: que mettent les berbères dans leur verre de Coca-cola?

Ben oui, du SUCRE! Car le Coca sans sucre RE-rajouté, c' est pas du vrai Coca!

Malgré cette abération, et pour ne pas finir sur une note négative, nous avons passé trois super jours. On s' est encore une fois fait accueillir comme des rois par des gens qui vivent avec peu.